Le parcours de Holcim vers le «zéro émission nette»

Le problème n’est pas insoluble

Société Holcim
Pays Suisse
Statut en bourse Engagement continu
Holcim branded truck, Melbourne, Australia

L’industrie cimentière est l’une des industries les plus émettrices de CO2 au monde, et la tendance est à la hausse. En raison de la croissance de la population mondiale, les besoins en béton généreront en effet 3,8 milliards de tonnes de CO2 en 2050, soit environ 100 fois plus que les émissions annuelles totales de CO2 de la Suisse. Le ciment a longtemps été considéré comme difficilement décarbonable, car la principale source d’émissions de CO2 est le processus chimique (calcination) utilisé pour obtenir le clinker dans le ciment, et le clinker a longtemps été considéré comme irremplaçable. Aujourd’hui, on arrive toutefois à fabriquer du ciment sans clinker. Cela montre que le problème peut être résolu et qu’il s’agit d’une question d’incitations allant dans la bonne direction, et non de limites technologiques.

Prix bas, peu d’incitations

La production de ciment n’apporte que de faibles marges bénéficiaires aux entreprises et nécessite des investissements importants dans les usines, les réseaux logistiques et le respect des normes de qualité. Le ciment, beaucoup trop lourd, est en outre rarement transporté à travers les continents. Cela a favorisé pendant des décennies la consolidation vers un petit nombre d’acteurs importants qui dominent le marché. Surtout en Europe.

Tout cela a longtemps entravé les progrès de la décarbonisation. Il y a peu à craindre de nouveaux concurrents. Le pouvoir législatif de l’UE n’a pas non plus exercé beaucoup de pression et a accordé aux industries à forte intensité de CO2 un délai de grâce généreux en distribuant gratuitement des certificats d’émission de l’ordre de plusieurs centaines de milliards. C’est plus que ce que l’UE a gagné grâce à l’échange de quotas d’émission. Holcim a par exemple reçu des certificats d’une valeur de 1,4 milliard d’euros de la part de l’UE en 2022. Dans l’ensemble, cette bénédiction financière a favorisé le statu quo plutôt que le changement.

Il serait plus judicieux de stimuler la demande et l’accès au marché pour le ciment durable. En Europe, les Pays-Bas et l’Irlande ont déjà introduit des valeurs limites contraignantes pour les émissions de CO2 dans le secteur de la construction. En Suisse, certains cantons suivront le mouvement en 2026. L’UE a ainsi commencé à ouvrir le marché aux nouveaux ciments. Il s’agit d’une première étape importante, qui offre des incitations à l’industrie. Des règles innovantes à tous les niveaux jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’innovation et la transformation réussie du secteur.

Le développement durable comme facteur de réduction des coûts

Holcim, l’un des plus grands producteurs au monde, voit l’avenir dans sa gamme de produits à faibles émissions de CO2. Tel était le message adressé aux investisseurs lors de la Journée des marchés des capitaux 2025. En effet, le ciment vert, plus cher à la vente mais moins cher à la fabrication, est un moyen de se libérer des faibles marges dans le secteur du ciment. Le remplacement du clinker par de l’argile bon marché et l’utilisation des énergies renouvelables au lieu du pétrole et du gaz permettent d’économiser sur les coûts. Dans le même temps, il est possible d’exiger des prix plus élevés pour le ciment vert. On dirait que c’est gagnant-gagnant. Mais ces approches ne font que réduire les émissions, elles ne les éliminent pas. C’est pourquoi les grands producteurs de ciment placent leurs espoirs sur une autre solution: le «Carbon Capture, Utilisation & Storage» (CCUS), ou «Captage, utilisation et stockage du CO2» en français.

Le CCUS en question

En revanche, un élément reste obscur dans la communication sur le sujet: l’utilisation du CCUS augmente considérablement les coûts de production. Selon les estimations, jusqu’à 50%. L’idée est d’aspirer le CO2 produit lors du processus de calcination, de l’enfouir dans les fonds marins ou de le revendre. Cette procédure est techniquement et politiquement complexe: de nombreuses parties doivent œuvrer dans le même sens pour que tout fonctionne. Et cela coûte beaucoup d’argent. Rien n’est possible sans d’importantes subventions de l’UE, et même dans ce cas, la réussite industrielle n’est pas garantie. Combien cela va-t-il coûter? Et qui garantit que le CO2 sera effectivement piégé ou restera dans le sol? Récemment, il s’est avéré que la plus ancienne installation de stockage de CO2 du groupe énergétique norvégien Equinor avait déclaré pendant des années avoir capturé une quantité de CO2 dix fois plus élevée que la quantité réelle. Il semble incontestable, d’après les spécialistes, que la technologie CCUS jouera un rôle à l’avenir. Mais elle ne doit pas servir de prétexte pour négliger des voies plus directes vers la décarbonisation. Chez Holcim, 44% des émissions doivent être éliminées par CCUS. C’est bien au-dessus de ce que prévoit l’Association mondiale du ciment.

La course à la formule

Nous souhaitons que Holcim se concentre davantage sur sa force principale: sa capacité d’innovation pour disposer de matériaux de construction nouveaux, meilleurs et plus économes. La stratégie 2030 récemment dévoilée, ainsi que l’ampleur et la polyvalence des nouveaux lancements de produits et les progrès réalisés dans le recyclage du béton (+ 20%), ou encore le développement de dalles de béton porteuses ultraminces, nous donnent confiance. Cette force d’innovation doit à présent se traduire par des chiffres concrets. Par exemple dans l’intensité de CO2 et la part élevée du clinker, nocif pour le climat, par rapport au secteur (72%). Holcim veut le remplacer par une innovation (LC3) développée à l’EPFL et composée pour moitié avec de l’argile. C’est une bonne nouvelle, mais le volume produit est encore très faible, avec environ 0,5% de la capacité totale. D’autres fabricants, d’autres marchés et, surtout, les scientifiques montrent qu’il reste encore beaucoup à faire: un groupe d’instituts de recherche renommés, dont l’EPFL, veut ainsi montrer qu’il est possible de réduire le taux de clinker à 40% d’ici 2030, sans perte de qualité. Si le législatif et l’industrie de la construction y participent, la décarbonisation de l’industrie cimentière est également possible sans CCUS.

Publication: Août 2025

Sources: SVVK-ASIR (2025), Holcim (2025), Boston Consulting Group (2024), DeSmog (2025), Global Cement and Concrete Association (2025), McKinsey & Company (2016), Our World in Data (2025), Sandbag (2016), Strategic Analysis Hub (2025). Image: Holcim.